
Jean Bastin Le fondateur
Biographie du Fondateur
M. Jean BASTIN, né à Namur (Belgique) le 15 mars 1911, est docteur en droit (UCL). Comme avocat, il s’est intéressé aux obligations et engagements financiers, constatant à quel point le créancier, presque toujours chirographaire, se trouvait si dépendant du bon vouloir de son débiteur et de la bonne marche de ses affaires. Cette préoccupation et le souci de pallier à cette situation marqueront sa vie professionnelle.
Il consent ainsi, après la guerre, le projet d’une compagnie d’assurance-crédit spécialisée dans le risque des crédits moyen et long terme. Jean BASTIN entrevoyait l’effort financier nécessaire pour remettre sur pied un pays dévasté par quatre années de guerre accroissant du coup le risque du crédit. Il songeait prioritairement à ceux nés de l’achat d’équipements ménagers et domestiques, plus appropriés à une compagnie naissante. Les compagnies d’assurance-crédit ne couvraient jusqu’alors que les risques à court terme, c’est-à-dire ceux relatifs aux opérations commerciales. Il lui fallut donc créer une nouvelle technique appropriée aux risques de crédit sur les particuliers à un moment où n’existaient ni banques de données ni même de simples fichiers, où l’octroi de ces crédits était balbutiant voire inexistant, et où encore le savoir-faire du contentieux n’était pratiqué que par quelques avocats suivant des méthodes surannées et coûteuses.
C’est en 1946 qu’il lança, avec quelques investisseurs privés et amis, la Compagnie « Les Assurances Crédit de Namur » laquelle connut, du coup, un succès exceptionnel qui ne s’est jamais démenti tout au long du demi-siècle durant lequel il présida aux destinées de celle-ci. Très rapidement, il étendit les activités de la Compagnie à tous les risques de crédit, quels qu’en soient le terme et les montants, y incluant de plus la caution.
La signature du traité de Rome en 1958 ouvrit des perspectives nouvelles débouchant sur l’ouverture de succursales dans de nombreux pays de la Communauté. Il s’intéressa avec passion à l’histoire de l’assurance-crédit, remontant jusqu’à son premier théoricien SANGUINETTI qui, en 1839, fixa à Gênes les premières règles de cette discipline. Ses observations portèrent sur les succès des compagnies existantes ou disparues, de même que sur leurs échecs parfois foudroyants, recherchant les causes de ces réussites et de ces revers.
C’est ainsi qu’il prit conscience du piège que constituait pour l’assureur la faculté laissée à l’assuré de recourir, fût-ce dans une mesure limitée, à l’anti-sélection de ses risques. Il ne cessa de dénoncer ce procédé de gain facile mais combien périlleux, notamment par la pratique de la « garantie financière ». Il s’étonnait du caractère récurrent de cette tentation réapparue ces derniers temps avec « les produits dérivés du crédit ». Malgré les leçons du passé, certains assureurs y recoururent récemment encore, provoquant de lourdes pertes, voire des conséquences plus cruelles encore.
Riche d’une expérience pratique et théorique de plusieurs décennies, Jean BASTIN rédigea alors divers ouvrages sur l’assurance-crédit qui font autorité dans le monde et qui furent traduits en plusieurs langues, dont certains en arabe. Il est étonnant de constater, à ce propos, combien rares sont les écrits sur ce secteur d’assurance. Auteur certes, mais aussi voyageur pour convaincre de l’impérieuse nécessité de l’assurance-crédit à l’exportation les acteurs économiques des pays émergents où, dès les années soixante, il parraina la naissance de la plupart des compagnies africaines.
Désirant poursuivre ses recherches scientifiques, parallèlement à son activité de président de la Compagnie, dont la dénomination sociale était devenue entre-temps « La Namur », Jean BASTIN créa, dans les années 1990, l’AISBL « Fonds Scientifique Jean Bastin » pour poursuivre l’activité de sa société mais, cette fois, au plan scientifique.
Durant ses dernières années, Jean BASTIN que l’on appelait, non sans humour, « le Pape de l’assurance-crédit » se consacra à la gestion de sa fondation, tout en réservant jalousement une partie de son temps à ce que furent les grandes passions de sa vie et pour lesquelles il ne se lassait pas d’écrire ou de faire des recherches lors de ses voyages : l’archéologie, les civilisations anciennes, l’histoire encore, sans oublier les arbres auxquels il vouait un culte sans limite. Il vécut dans sa propriété de Spy jusqu’à son décès, le 5 mai 2005, à l’âge de 94 ans.